Découvrir Grabels

L'Histoire de Grabels par l'association "Lou Dragas"

La 1ère trace écrite sur l’histoire de Grabels se trouve en 1120 dans le contrat de mariage entre Bernard IV comte de Melgueil (Mauguio) et Guillemette fille de Guilhem V, Seigneur de Montpellier.

Dans le cadre de la croisade contre les Albigeois et suite au 4ème concile de Latran (1215), le pape Innocent III, entre autres décisions de confiscation-redistribution des biens de Raimon VI de Toulouse, donne le comté de Melgueil à l’évèque de Maguelone Mgr d’Autignac (avril 1215) . Son successeur, Mgr Raynier, pour procurer des ressources nécessaires au chapitre cathédral, désigne un de ses chanoines comme seigneur de Grabels avec tous les droits sur cette seigneurie sauf ceux de « haute justice » en 1247.

Et Grabels restera 5 siècles sous la suzeraineté de l’Eglise catholique jusqu’en 1755 où Louis de Solas, trésorier de France et propriétaire du mas de la Font en acquiert aux enchères « la justice, les fiefs, les terres et les droits ». Cette seigneurie est supprimée en 1789...

…En 1621 et 1622, à la fin des guerres de religion, la partie sud du village n’est qu’un amas de ruines : remparts, église et presbytère, notamment, sont détruits … et ne seront reconstruits (remparts exceptés) qu’en 1666, grâce, notamment, aux revenus des « bugadières » (lavandières) qui laveront le linge de la bourgeoisie montpelliéraine pendant au moins 250 ans, faisant de leur activité la 1ère, la plus importante et la plus durable « industrie » de Grabels.

En mars et novembre 1906, à la suite des lois de séparation des Eglises et de l’Etat, des grabellois opposés à « l’inventaire des biens d’Eglise » et les forces de police s’affrontent à un point tel que, pendant près d’un demi-siècle les curés successifs et leurs fidèles, conserveront les traces laissées par les cambrioleurs gouvernementaux.

Village pauvre et peu peuplé, longtemps agricole et pastoral avant d’être viticole, Grabels souffrira des crises de la vigne (phylloxéra en 1870 et surproduction en 1907). Il se réveille dans les années 30 avec l’arrivée de l’électricité (1924), de vastes travaux d’aménagement ainsi que d’adduction d’eau (de 1930 à 1936) et sa population  va passer de 835 habitants en 1962 à 2526 en 1982 pour arriver à 6035 en 2009 !


Sources : l’ouvrage « Grabels, images d’eau et de pierres » de P.Couder et J.Claustre, édité par l’association "Lou dragas-histoire de Grabels » en 1998, la plaquette « Grabels, notre village » de Jean Portalès, éditée en juin 1972 à Montpellier (imprimerie Reschly) et les recherches de « Lou Dragas » par Jeanine Causse, Michel Bousquet et Louis-Marie Grousset en avril 2010.

Histoire et patrimoine

Histoire de Grabels
Le nombre important d'habitats préhistoriques dans la vallée de la Mosson montre que les hommes y ont vécu depuis des millénaires. Les noms de Grabels et de l'Avy notamment sont d'origine préhistorique.

En 1755, l'évêque de Montpellier ayant besoin d'argent pour restaurer son château de Lavérune, vend aux enchères à Louis de Solas, Trésorier de France, la seigneurie de Grabels et de Combaillaux. Le mas de la Font, près de la source devient ainsi le château de Grabels, la seigneurie disparaît en 1789.

Les événements les plus importants de l'histoire de Grabels se déroulent en 1621 et 1622, à la fin des guerres de religion : siège et prise du village par les protestants révoltés, destruction de l'église, du presbytère, d'une partie du rempart et de la porte du Porquier, paiement d'une très forte rançon. L'église ne sera reconstruite qu'en 1666.

La vie des grabellois pendant toutes ces années :
Jusqu'au milieu du 19ème siècle, ils vivent dans une économie de subsistance, qu'on peut résumer dans la réponse faite par les consuls en 1744, au questionnaire de l'intendant le Nain : "La plus grande partie des habitants font des lessives, charrient du bois de baleine à Montpellier, quelques autres travaillent les terres".

Pendant un siècle, c'est l'économie de marché, basée sur la monoculture viticole, avec ses périodes de prospérité et ses périodes de crise parfois très sévères. Au long de cette parenthèse viticole, entre le recensement de 1851 (658 habitants) et le recensement de 1954 (731 habitants), la population avait peu varié. La commune s'était très bien équipée et on la citait souvent en exemple.
Depuis 30 ans, c'est l'explosion démographique, la construction de nouveaux quartiers, notamment la Valsière.

Au cours des deux derniers siècles, on notera :

  • 1832 : construction de la Fontaine Carrée sur le plan de l'enclos.
  • De 1832 à 1844 : construction de la mairie; le rez de chaussée du bâtiment servira d'école pendant près d'un siècle
  • Entre 1840 et 1860 : destruction du rempart le long de la rue du Portail, destruction du Portail en haut de la rue Droite, destruction de la tour Ricard au milieu de la rue de l'Horloge, destruction des escaliers et des plates formes qui encombrent les rues.
  • En 1868 et 1869 : construction d'une conduite d'eau traversant le village et de la fontaine de la place de la mairie.
  • De 1876 à 1879 : agrandissement de l'église : le portail et le clocher.
  • 1887 et 1888 : construction d'une école de garçons (partie centrale du groupe scolaire de la rue des écoles)
  • 1891 - 1892 : construction du pont sur la Mosson.
  • 11 novembre 1923 : inauguration du monument aux morts.
  • 18 octobre 1924 : les grabellois en fête accueillent la lumière électrique dans le village.
  • 1932 - 1933 : mise en place d'un réseau de distribution d'eau dans les maisons et dans les rues.
  • De 1933 à 1936 : construction du groupe scolaire de la rue des Écoles.
  • Septembre 1948 : ouverture de la cave coopérative "la Treille grabelloise". Agrément préfectoral donné le 11 février 1949, retiré le 7 décembre 1990.

Grabellois, d'où viens-tu ?

Habité depuis la préhistoire, le territoire de Grabels a su traverser les siècles sans grands bouleversements d'un point de vue démographique... jusqu'aux années 60, où la population s'est décuplée. 40 ans plus tard, on observe une tendance à la stagnation. "Anciens" ou "nouveaux" Grabellois, nos origines sont multiples.

Grabels, site habité depuis la nuit des temps?
Le nombre important d'habitats préhistoriques dans la vallée de la Mosson montre que les hommes y vivent depuis des millénaires. Pas moins d'une quinzaine de sites archéologiques sont recensés sur le territoire grabellois, témoignant d'une présence humaine ancestrale.

600 à 700 habitants pendant plusieurs siècles, jusqu'au début des années 60
La population est restée relativement stable pendant les trois derniers siècles jusqu'aux années 60, les flux de population ayant peu d'impact sur la population totale de Grabels. Pendant la première moitié du 20ème, les nouveaux arrivants viennent essentiellement de pays limitrophes, Espagne, Italie et Portugal. Les vagues d'immigration sont liées aux événements politiques et économiques vécus en Europe :

  • Pendant la première guerre, la main d'oeuvre manquant cruellement, de nombreux ouvriers espagnols vinrent porter main forte pour remplacer les hommes sur le front. En général, leur famille les rejoignait quelques années plus tard. Les générations nées de ces immigrés ibériques se sont parfaitement intégrées dans la population autochtone et constituent de nos jours le noyau des anciens grabellois.
  • Après la guerre, des immigrés, essentiellement d'Afrique du Nord, sont accueillis pour aider à reconstruire la France. Les immigrés en provenance d'Espagne ont laissé la place à une population d'origine maghrébine.
  • Au début des années soixante, la France, en plein essor économique, a besoin de bras et ouvre largement ses portes à l'immigration.
  • A cette vague d'immigration s'ajoute celle des rapatriés d'Algérie en 1962 qui s-installent préférentiellement dans le sud de la France et qui vont sensiblement modifier la démographie locale. Les immigrés originaires d'Italie et du Portugal deviennent une population d'immigration ancienne dont la part diminue depuis 1968. Ces mouvements migratoires n'influencent que très peu la démographie grabelloise, la population reste sensiblement stable, autour de 700 habitants.

L'essor de Montpellier, une véritable explosion démographique pour toute la région
C'est bien l'émergence de la ville de Montpellier qui va littéralement transformer le petit bourg de Grabels. Montpellier devient capitale régionale en 1956. En quelques dizaines d'années, la petite ville provinciale devient cité moderne en pleine expansion économique et urbanistique. Cette mutation, aussi bien économique, avec une domination du secteur tertiaire, que territorial, entraîne un phénomène de périurbanisation et provoque un véritable débordement sur les communes périphériques.

Grabels n'échappe pas à ce phénomène dès le début des années 1960 et l'on assiste à la réalisation des premiers lotissements de maisons individuelles, forme d'habitation très prisée à cette époque. Pendant plus de 30 ans, nous assistons à une explosion démographique et à la construction de nouveaux quartiers. Ces nouveaux arrivants sont essentiellement originaires des régions limitrophes et de l'Ile-de-France. Au cours de la même période, le littoral languedocien devient un enjeu touristique fort. Cette nouvelle polarité économique est intensifiée par la grave crise industrielle que connaît l'arrière-pays, incitant les habitants à s'installer plus près du littoral.

Une population aux origines diverses qui, à Grabels, tend à se stabiliser
Espagne Portugal, Italie, Maroc, Algérie, habitants des hauts cantons et de toutes les régions de France, toutes ces influences et origines composent notre population d'aujourd'hui, résultante des aléas historiques et économiques. Depuis 2000, la population de Grabels tend à stagner, stagnation liée à deux phénomènes inverses complémentaires : la population de la Valsière augmente, tandis que la population du bourg de Grabels tend à diminuer. En effet, les familles installées il y a deux ou trois décennies, ont vu leurs enfants quitter le domicile familial pour aller travailler ou étudier, le plus souvent à Montpellier.

Grabels pendant la 1ère guerre

De 1914 à 1918 à Grabels :retour sur quatre très longues années...
Loin du front et de la guerre des tranchées, une vie de rationnement et de solidarité s'organise dans les villages...

Le 11 novembre 1918, les cloches de l'église de Grabels sonnent pour annoncer l'armistice. En 2007, 89 ans après, on ne compte quasiment plus d'anciens combattants, pourtant le souvenir perdure dans les mémoires de ceux qui, trop jeunes pour être directement impliqués, ont connu des Poilus rentrés du front et écouté des récits de guerre dépassant l'entendement.

La mobilisation...
Le 3 aout 1914, l'Eclair, journal quotidien du midi, titre : l'Allemagne attaque la France. Depuis la veille, 60 grabellois ont reçu leur ordre de mobilisation. 60 hommes de Grabels sont appelés au front, soit près d'un tiers des hommes du village en âge de combattre... une vingtaine n'est pas revenue...

"Au retour de l'école, j'ai trouvé le 2 août 1914, ma mère en larmes, effondrée dans les bras de mon père : ils étaient là, tous deux sur le perron de la petite épicerie de détail qu'ils tenaient. Puis il y eu la préparation de la valoche, dans laquelle ma mère a glissé amoureusement un paquet de ces fameux "Petits LU", jadis présentés dans un emballage aux couleurs de la France et aussi le départ à tout jamais, puisque je ne devais plus revoir mon père... Ce 2 août, devant mes yeux de bambin, tout un monde a basculé dans l'horreur et la misère." (Georges Rouquier, cinéaste montpelliérain)

Pendant la guerre, en marge des affrontements...
En dehors des tranchées, cette guerre est aussi une épreuve pour toutes celles et ceux qui, restés dans les villes et les villages, ont organisé une vie différente, dans un climat de tension permanente... une vie extrêmement difficile, même si les villes du sud de la France n'ont pas connus de dégâts matériels inhérents aux affrontements. Les femmes, par leur courage et leur dévouement ont assuré la vie du village. A Grabels, elles ont intensifié la Bugada et remplacé les hommes dans les durs travaux de la vigne. Au mois de septembre, l'heure des vendanges arrive et la main d'oeuvre manque cruellement, malgré les efforts de la préfecture pour organiser la répartition des hommes et du travail dans chaque commune. La préfecture suggère de faire appel à la main d'oeuvre étrangère. C'est ainsi qu'à cette époque, Grabels vit arriver de nombreux ouvriers espagnols. En général, le père de famille venait seul. Puis, au bout d'un an ou deux, sa famille le rejoignait. Les générations nées de ces émigrés ibériques se sont parfaitement intégrées dans la population autochtone et constituent de nos jours le noyau des anciens grabellois.

L'armistice...
Le 11 novembre 1918, mettant fin à 4 années difficiles de rationnement et d'inquiétude, vers 4 heures de l'après midi, les cloches de l'église sonnèrent à toute volée. Les nombreuses victimes en faisaient malgré tout un jour très triste. L'armistice est signé dans le wagon spécial du généralissime Foch, au carrefour de Rethondes, au milieu de la forêt de Compiègne, le 11 novembre à 5h15 du matin. Pour la première fois depuis quatre ans, Français et Allemands peuvent se regarder sans s'entretuer. L'armistice conclu entre les Alliés et l'Allemagne, dernière des Puissances Centrales à rendre les armes, laisse derrière lui neuf millions de morts et six millions de mutilés. Les survivants ont perdu la foi dans les valeurs morales et spirituelles qui ont fait la grandeur et l'unité de l'Europe. Mais ils veulent croire que cette guerre qui s'achève restera la dernière de l'Histoire, la "der des der"...

Propos tirés de "Grabels pendant la guerre 1914-1918" de Joseph Eugène Claustre (Association Lou Dragas)

Les maires de Grabels

22 mars 2008 : René Revol

2001 - 2008 : Bernard Prunet
1990 - 2001 : André Falgueirettes
1989 - 1990 : Pierre Varaine
1983 - 1989 : Roger Privat
1965 - 1983 : Pierre Doumergue
1959 - 1965 : Auguste RIbeyrolles
1945 - 1959 : Pierre Teillard
1944 - 1945 : André Théron
1941 - 1944 : Pierre Teillard
1937 - 1941 : André Théron
1929 - 1937 : Pierre Couder
1925 - 1929 : Charles Flottes
1924 - 1925 : Auguste Vessière
1908 - 1924 : Louis Teillard
1907 - 1908 : François Vessière
1900 - 1907 : Louis Teillard

Les bugadières

Les bugadières : l'exception grabelloise
Une tradition profondément ancrée dans le mémoires,propre au village de Grabels

Grabels doit sa notoriété à ses femmes : elles ont consacré leur vie à laver le linge sale des montpelliérains, des administrations, écoles, hôpitaux, ou maisons aristocratiques et bourgeoises. Elles ont assuré la vie économique du village en développant cette "industrie artisanale".

Cette lessive, appelée Bugada (buée en vieux français) a donné le nom de bugadières à ces "lessiveuses" qui ont polarisé la vie du village pendant plus de 3 siècles.

Le travail de la bugadière grabelloise présentait la particularité de prendre le linge sale et de le ramener propre, à la différence des blanchisseuses, lavandières et laveuses qui effectuaient une tache plus restreinte. Les étapes qui consistaient à lessiver, sécher et parfumer le linge s?étalaient sur une semaine.

Le travail de lessivage s'effectuait dans un bassin de 30 à 40 cm de profondeur. Leur outil essentiel, symbole de leur activité était leur paire de bottes en zinc, qui leur permettaient de marcher dans les bassins d?eau froide sans se mouiller.

Une semaine pour une bugadière :
Lundi : notre bugadière se rendait à Montpellier pour livrer ses paquets de linge propre et recueillir le linge sale. Chacune avait ses clients réguliers.

Mardi : triage du linge, couleur d?un côté, blanc de l?autre (le recounouïtre). Prélavage (desalivar), trempage du linge (entinar) dans une cuve pendant la nuit. La "lessive" était composée de cendre de bois enrichie en sels alcalins par adjonction de carbonates de potasse et de soude.

Mercredi et jeudi : lavage du linge en plein air dans le bassin alimenté par la source du village. La bugadière, munie de ses bottes en zinc pénétrait dans le bassin et lavait son linge au savon de Marseille, le battait, le brossait puis le tordait. Puis venait le rinçage, l?essorage au battoir.

Ces 2 jours particulièrement éprouvants commençaient au petit matin vers 3 heures et ne finissaient qu'à la nuit tombée, en plein hiver dans le gel ou sous la canicule de l?été.

Vendredi : Jour de séchage ou "espandir" dans un coin de garrigue, exposé au sud et à l'abri du vent : le linge était simplement posé sur des plantes aromatiques, thym, romarin, lavande. Le linge s'imprégnait du parfum de la garrigue et les clientes montpelliéraines choisissaient leur bugadière en fonction de la plante sur laquelle elle étendait son linge. le lundi suivant, le linge était ramené à Montpellier. En cas d'intempéries, le jour d'espandir était repoussé au samedi voir au dimanche, jours normalement consacrés au repos.

L'origine des bugadières

Le développement de la bugada à Grabels a bénéficié de plusieurs atouts :

  • La richesse en eau de Grabels, dénommée à cette époque "l'oasis des garrigues"
  • La proximité de Montpellier, ville importante reprise en main par le pouvoir royal, qui offrait une clientèle de choix très aisée.
  • L'histoire souligne également le courage et l'amour du travail des femmes de Grabels.

Plusieurs événements historiques difficiles ont incité le développement de cette activité. Le siége des troupes protestantes en 1621, la destruction des remparts et du Presbytère, les récoltes hasardeuses conduisirent les grabellois à rechercher des ressources supplémentaires. L'activité des femmes a permis aux grabellois de faire face à ces difficultés.

La bugadière grabelloise a toujours été une personne très à l'aise. Une bugadière installée à son compte gagnait dans l'année deux fois et demi le revenu d'un ménage d'ouvriers agricoles.

(propos recueillis dans"Les bottes en zinc des bugadières de Grabels" de J.E. Claustre)

Monuments

Les monuments grabellois :
Les Remparts
Le Porche
La Tour de l'Horloge
La Fontaine Carrée
La Fontaine de la place Paul Chassary
La Tour de la Valsière
La Tuilerie
Les deux Châteaux
Les Croix
L'Eglise aux deux clochers
Le Cheval de Giovanni Ingrato